Dieredieuf Mama Africa_
- Alice
- Nov 6, 2018
- 2 min read
En voyage, quand il y en a plus il y en a encore.
Thies c'était ma dernière étape, une ville hors des circuits touristiques où j'ai décidé de m'arrêter pour faire les derniers achats. Elle a été une halte intéressante, avec ses belles avenues ombragées, les universités, la cathédrale qui paraît un gâteau glacé et la magnifique manufacture de tapisseries qui produit des pièces presque uniques d'après les cartons d'artistes sévèrement sélectionnés par une commission dédiée. On peut en visiter les ateliers, voir les artisans au travail, c'est une gemme cachée que peu de touristes décèlent.
Et il fût aussi un temps où à Thies passaient des trains. Les français avaient construit un réseau ferroviaire qui reliait le Senegal au Niger et qui avait à Thies un de ses noeuds fondamentales. Passé des mains colonialistes à celles du Pays, le train a été en fonction un peu moins d'un siècle si mes comptes sont justes, avant d'être laissé graduellement à l'abandon au profit du transport sur roues. En réalité le seul bout de cette oeuvre qui est encore en fonction est le tronçon entre Dakar et Thies: il paraît qu'un train passagers quitte Thies à 7h tous les jours ouvrables, et qu'il revienne à 18h de la capitale. Vu l'état des rails, c'est dur à croire. Le curateur du musée de la ville dit que de nos jours il n'y a que les romantiques qui l'empruntent.
La gare est un joli bâtiment qui a dû être blanc au bout d'un moment. Une annonce peinte sur le mur essaie de donner la bienvenue aux passagers de la part de Transrail, mais elle est épuisée et n'y croit pas trop. Dans l'intérieur sombre et sale où vivent les clochards persiste en état parfait un petit magasin de souvenirs.
C'est bizarre et un peu inquiétant de pouvoir marcher comme ça sur les rails, jouer dans les échanges, sauter d'un quai à l'autre. C'est triste sous un certain point de vue, de penser à ce projet de grandeur fini en un tas de poussière, voir comment ce qui semblait destiné à un avenir lumineux s'est éteint en un feu de paille. Parfois c'est comme ça dans nos vies aussi, et parfois, heureusement, c'est le contraire. Ça me parle cette image, qui sait de quel côté de la fleuve je me trouve, quoi emmènera la traversée.
Cette fois le voyage est fini pour de vrai, j'embarque. Sans regrets, de rêves pleine la tête, je sais que je trouverai un sens à cette expérience quand le temps m'aura permis de la métaboliser.
Au revoir pour de bon donc, et dieuredieuf Mama Africa!
(Fin_)
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