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Le facteur humain_

  • Writer: Alice
    Alice
  • Nov 6, 2018
  • 2 min read

Updated: Jul 4, 2019

Depuis que j'ai récupéré mon sac la vie s'est teinté en rose. J'ai pu monter mon moustiquaire au dessus du lit, m'imbiber joyeusement d'anti-moustiques et passer enfin des nuits paisibles malgré la chaleur humide de ce qu'on appelle ici l'hivernage, la saison des pluies.


Je commence à prendre mes marques aussi. J'ai appris à échanger quelques mots avec les enfants qui viennent me voir, criant "toubab, toubab!" (personne à la peau blanche) avec leurs voix aiguës, et à décliner quand ils demandent de l'argent. J'ai trouvé la manière de poser mon regard sur certains visages aux pommettes irrispectueusement hautes sculptées dans l'ebène, dans certains yeux en amande encastrés dans les crânes qui coulent doucement vers la nuque et jusqu'aux cous gracieusement courbés (les ports de tête des africains peuvent être majestueux). Je peux maintenant profiter de cette beauté parfaite sans avoir l'air d'une touriste au musée. J'admire les femmes, vêtues et coiffées des tissus aux imprimés improbables qui exaltent leur peau sans grain, et ça m'allège l'esprit.


Hier j'ai passé le cap et je suis sortie de Mbour toute seule pour explorer la région dite Petite Côte. J'ai sauté sur les taxis collectifs qui se déplacent entre une ville et l'autre et j'ai vu qu'il n'est pas plus compliqué qu'en Amérique latine de se déplacer. C'est un système parfait et assez rapide, il suffit d'avoir en tête les routes et demander. De ville en village, de carrefour en carrefour, il peut être nécessaire de changer trois ou quatre fois de véhicule, mais au final on arrive toujours à destination. Ici, dans une voiture bondée et brûlante, parcourant des routes inconnues mais sûre d'arriver, je me sens à nouveau chez moi.


Ce soir il n'y a pas d'amis à la maison. Je dîne dans la cour avec mon hôte et ses nièces, puis nous "durons" assis, à discuter autour d'une Gazelle, la bière légère et douce d'ici. Il me demande si je suis partie seule à Popenguin, je réponds que oui, alors il me demande si je suis égoïste. Commence une longue conversation autour de la solitude, des insécurités, des espoirs et des déceptions, de l'amitié et même de l'amour. Il dit que quoi qu'il en soit il n'y a qu'une chose qui explique tout, et cette chose il l'appelle "le facteur humain".



 
 
 

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