Plongée dans le noir_
- Alice
- Nov 5, 2018
- 2 min read
Première pensée ce soir: l'Afrique, on ne dit pas le continent noir par hasard. Est-ce pour la couleur de la peau de ses habitants? Non, rien à voir. C'est que, quand tu arrives au soir, l'Afrique apparaît littéralement noire. Aucune trace des longs rubans de lumière que sont nos autoroutes, ni des grandes galaxies de nos villes. Atterrir à Dakar ce soir est comme plonger dans un puits obscure, complice le ciel nuageux...et ça éveille l'excitation de l'inconnu.
L'aéroport, par contre, ressemble à tout autre aéroport du monde. Le lieu qui t'accueille dans un nouveau Pays est un non-lieu, anonyme, aseptique, fonctionnel. En me grondant toute seule pour la banalité de cette pensée, je suis obligée d'avouer que pendant très longtemps ces endroits - gares, aéroports - ont exercé sur moi un charme puissant. Ici, dans ces hangars sans âme, je me suis toujours sentie autorisée à disparaître, à ne pas exister, libre de ne pas rencontrer les gens que je croisais. J'avais le permis d'être seule et le droit que ça ne fasse pas mal.
Ce soir au contraire j'ai hâte de sortir d'ici. Ironie du sort! Mon bagage n'est pas au rendez-vous, tout comme les 69 autres valises venant de Madrid. Je suis coincée, il faut attendre pour la réclamation, il y a une file infinie et ça n'avance pas. On m'attends dehors. Je suis étrangement calme, je n'y peux rien et je vis tous ça comme si je regardais un film. Autrefois j'aurais été démangée par la colère, mais pas ce soir. L'univers a décidé de tester ma capacité à lâcher prise, et je ne le laisserai pas gagner.
Mon regard est naïf, mes impressions maladroites. Ici, je me sens une routarde débutante malgré les milliers de kilomètres que moi et mon sac à dos avons parcourus. Pourtant et pour ça j'ai décidé de laisser une trace de cette première rencontre avec Mama Africa. En espérant de ne pas paraître bête, ignorante je le suis et j'aborde ce voyage avec humilité, les cinq canaux sensoriels grand ouverts, et dans la mesure du possible le sixième aussi.
À bientôt donc. Si on me rend mon sac.

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